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Les villages des Pyrénées béarnaises
Asasp-Arros

Asasp-Arros est un village de 489 habitants appelés les Asaspois, situé au sud d’Oloron-Sainte-Marie et d’Agnos. Il est traversé par la route Nationale 134 qui mène au col du Somport puis à l’Espagne.

Il est également traversé par le gave d’Aspe.

   

Toponymie

Asasp

Son nom semble être apparenté au basque ‘‘aitz-aspi’’ qui signifie ‘‘sous la pointe rocheuse’’, ce qui est confirmé par le terrain car plusieurs collines surplombent la commune : Bellevue (681m), Biscarse (792m) et Soum de Castet (403m).

  extrait_cassini

Arros

Son nom proviendrait du basque ‘‘har’’ qui signifie ‘‘pierre’’, ce qui peut avoir un rapport avec l’emplacement du village en surplomb du gave d’Aspe qui vient buter sur la falaise.

Son nom peut aussi être tiré de l’anthroponyme latin ‘‘arro’’ et du suffixe aquitain ‘‘ossum’’, qui signifie ‘‘propriété d’Arro’’. 

Un peu d'histoire

Asasp

Au vu de sa situation, le site d’implantation du village est un lieu privilégié pour assurer la surveillance de l’accès à la vallée d’Aspe ainsi que la protection de la population. De plus, les traces d’un site fortifié remontant à l’époque protohistorique ont été répertoriées au lieu-dit Gouroues, attestant d’une présence humaine dès cette époque.

Les sites de hauteur de Castets, Arripe et Castetmans abritent, quant à eux, un ensemble de sites de défense médiévaux entourés de fossés capable d’accueillir la population du village.

La motte tronconique d’Arripe aurait, selon la tradition locale, accueilli un château dont il ne reste aucune trace.

Au Moyen-Âge, un gué assure la liaison entre les deux rives du gave d’Aspe pour les charrois.

Ce franchissement est doublé d’une passerelle en bois pour les piétons, notamment les pèlerins de Saint-Jacques de Compostelle. Cet itinéraire oblige les hommes et les marchandises à passer par la ville du vicomte d’Oloron (actuel quartier Sainte-Croix) qui s’oppose à la création d’un autre pont, ce qui aurait détourné le trafic vers Sainte-Marie, cité épiscopale rivale.

Lors du censier de 1385 commandité par le vicomte Gaston Fébus afin de mieux connaître la population du Béarn, Asasp compte 16 feux (maisonnées) dont les chefs de famille sont Peyrolet de Davant-Sentz, Fortet d’Abadie, Guilhem de Casaus... et une maison noble appelée « ostau de Domec Poc » avec un domenger (tenancier d’un domaine noble exempté d’impôt).

Cette seigneurie est successivement possédée par les familles Domecq, Làas, seigneurs de Lurbe puis les Courrèges d’Agnos.

En 1675, le dénombrement* de Jean de Làas, seigneur d’Asasp, recense notamment la maison noble et abbatiale de « Domecq Pocq ». Son emplacement est précisé par Catherine de Lurbe, en 1684, dans son dénombrement « je possède au dit lieu Asasp, une maison noble appelée Domec Pocq, laquelle avec jardin et enclos confronte du côté d’orient avec le chemin du roy, du côté d’orient avec terre de Lomme, du côté de midi avec l’église et du côté du septentrion avec terre de Partheu ».

* Le dénombrement fait par un vassal à son seigneur doit contenir l'énumération de toutes les terres et droits qu'il tient de son seigneur.

En 1832, le site « Domecq Pocq » fait partie de la propriété Saraillé-Aguerre au centre de laquelle se trouvent l’église et le cimetière.

Arros

Le village d’Arros semble avoir fait l’objet d’une occupation à l’époque antique comme l’atteste le calvaire composé d’une colonne en marbre verte surmontée d’un chapiteau corinthien servant de support à une croix en fer forgé du XIXe siècle. Cet indice et la possible toponymie du nom du village se recoupent. Le calvaire est positionné sur l’ancien axe utilisé pour rallier l’Espagne avant la création de la route par l’Intendant d’Etigny au XVIIIe siècle. Il est probable que cet itinéraire, antérieur à la création du village, corresponde à la voie romaine ralliant Dax à Saragosse.

Le village s’organise, jusqu’à l’ouverture de la nouvelle route d’Espagne au XVIIIe siècle, autour d’un axe central qui correspondrait à l’ancienne voie romaine. Le territoire très étroit de la commune explique sa modeste taille.

Le for d’Oloron est le premier document à mentionner le village en 1220-1221. Lors du dénombrement de 1385 commandité par le vicomte Gaston Fébus afin de mieux connaître la population du Béarn, Arros compte 6 feux (maisonnées) dont les chefs de famille sont Arnault de Minbiele, Arnaut d’Araus, Gassiot d’Arlonc... et une maison noble l’« ostau d’Arros, domenger »

La seigneurie d’Arros est la propriété de la famille Gayrosse au XIVe siècle, des Engassaguilhem (du XVIe au XVIIe siècle), des Arros et des Lample aux XVIIe et XVIIIe siècles. Achetée par la communauté des habitants, elle est revendue, vers 1750, à la famille Courrèges, seigneurs d’Agnos.

Le lieu-dit la Toupiette, formant une plate-forme à la confluence du gave d’Aspe et de ruisseau de la Toupiette, pourrait correspondre aux besoins de surveillance, voire de contrôle, du passage à gué situé en contrebas et aurait été l’emplacement du château. Le seigneur de Soeix et d’Arros, Pierre de Lample stipule, lors d’un dénombrement* daté de 1683, que la seigneurie « féodale » d’Arros ne comprend pas de maison noble car son seigneur demeure à Soeix.

* Le dénombrement fait par un vassal à son seigneur doit contenir l'énumération de toutes les terres et droits qu'il tient de son seigneur.

Patrimoines

L’église Saint-Jean l’Évangéliste d’Asasp

Située dans la partie haute du village, l’église Saint-Jean l’Évangéliste abrite trois retables en bois polychromes et dorés datant des XVIIe et XVIIIe siècles et restaurés en 1843.

L’église abrite un riche ensemble mobilier en bois et de vitraux signés du maître-verrier Jules Mauméjean dont les principaux ateliers se trouvaient à Pau, Biarritz et Saint-Sébastien.

L’église originelle, certainement associée à l’abbaye laïque (maison souvent située près d’une église dont le maître est un laïc qualifié d’abbé), est remplacée par l’actuel édifice daté du XVIIe siècle et restauré au XIXe siècle, principalement par Paul Montaut le Jeune.

Elle possède un clocher-porche, une nef flanquée de deux chapelles et d’une abside plate, selon le plan traditionnel des églises béarnaises de cette époque.

L’église Saint-Vincent-Diacre d’Arros

L’église Saint-Vincent, construite au XVIIIe siècle, est restaurée et agrandie au XIXe siècle, notamment par l’ajout d’une flèche au clocher. Elle a la particularité d’être orientée vers l’Ouest, dans le sens inverse de la tradition. Ainsi, le chevet plat est placé à l’aplomb du clocher alors que l’entrée et la tribune se situent à l’Est.

La nef unique abrite un riche mobilier peint et doré du XVIIIe siècle. Le retable, le tabernacle et la table de communion sont réalisés après 1718, date de la visite pastorale de l’évêque d’Oloron Joseph de Révol.

Le plafond de bois, en forme de carène renversée, est orné et signé, en 1778, par le peintre Geronimo Ribera y Zapata (Jerez de la Frontera env 1710-Oloron, 1788). Classé au titre des Monuments Historiques depuis 1966, ce décor représente 8 vues maritimes exotiques : ports, phares, vaisseaux sont ainsi représentés. Une représentation centrale de saint Vincent auquel est dédiée l’église, figure au-dessus du retable. Le peintre a également réalisé d’autres œuvres dans les environs d’Oloron Sainte-Marie mais seules celles de la chapelle de la Vierge à Lucq-de-Béarn et de l’église d’Arros restent visibles.

Zoom sur...

Le lavoir

Traditionnellement, tous les villages possédaient un ou plusieurs lavoirs qui permettaient de laver le linge. Ces lieux où se retrouvaient les femmes, étaient également des lieux où l’on pouvait échanger les dernières nouvelles de la vie du village.

Le lavoir d’Asasp-Arros est un édifice ouvert dont les piliers en pierre carrés supportent le toit à deux pans qui protégeait les lavandières des intempéries.

Sous cet abri, plusieurs bassins publics rectangulaires étaient alimentés par un canal de dérivation. Sur les côtés de ces bassins, des dalles de pierre inclinées permettaient aux femmes d’y disposer le linge, de le frotter, de le battre et de se pencher pour atteindre l’eau.

Cette grande lessive, appelée BUGADE, était pratiquée par les femmes uniquement et ce que quelques fois par an. Seules les femmes des cagots ne pouvaient pas y participer. Ce n’est qu’après avoir trempé et chauffé dans un cuvier additionné de cendres en guise de savon, que le linge était amené au lavoir.

Les lavoirs ont été abandonnés au cours du XXe siècle en raison de l’évolution des pratiques domestiques. Le lavoir d’Asasp-Arros, situé en marge du village, offre ainsi un témoignage de ce quotidien.

Le saviez-vous ?

La légende rapporte que les femmes vivant aux environs d’Asasp, et qui ne pouvaient avoir d’enfant, venaient frotter leur ventre contre le rocher Saint-Nicolas afin de pouvoir procréer. Cette tradition est restée dans les croyances jusqu’au XXe siècle.