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Les villages des Pyrénées béarnaises
Saucède

Saucède est un village de 130 habitants, appelés les Saucèdois, situé à douze kilomètres au nord d’Oloron Sainte-Marie.

Il est traversé par le gave d’Oloron et le ruisseau l’Auronce.

Toponymie

L’origine du nom vient du latin ‘‘Salicem’’, saule et du suffixe collectif ‘‘eta’’ qui signifie saussaie (saulaie).

Un peu d'histoire

Un « castéra », dit de Casenave au XVIe siècle, domine le gave d’Oloron au niveau du village.

Les premières mentions du village se trouvent dans le cartulaire* de l’abbaye de Lucq-de-Béarn où est évoqué le « villam de Sauceta » (Xe siècle) et Salceta, en 1114.

* Le cartulaire est un recueil de copies de documents relatifs aux biens et droits, établi par l’abbaye afin d’en assurer la conservation et la consultation.

Ce cartulaire permet également de trouver trace des différents moulins mentionnés par l’abbaye de Lucq dès le XIe siècle comme étant bâtis sur le gave d’Oloron « molendinum in villa quae vocatur Sauceta ». En 1365, l’abbaye Saint-Vincent de Lucq possède des moulins, une « nasse » - pièce à truites et à saumons- ainsi qu’un « pesquer » ou bassin permettant de les conserver.

Lors du dénombrement de 1385 commandité par le vicomte Gaston Fébus afin de mieux connaître la population du Béarn, Saucède compte 23 feux (maisonnées) et une abbaye laïque (maison souvent située près d’une église, dont le maître est un laïc qualifié d’abbé).

En 1443, un acte des notaires de Lucq-de-Béarn mentionne par deux fois à Saucède, « lo castet » et « lo quam de darrer lo castet ». Mais aucune trace de ce château n’a été mise au jour jusqu’à présent.

Du XVe au XXe siècle, les pèlerins de Saint-Jacques-de-Compostelle, venant de Lacommande et Lucq-de-Béarn, passent à gué ou en bac (nau) le gave d’Oloron pour se rendre à l’Hôpital Saint-Blaise et Saint-Jean-Pied-de-Port.

En 1476, l’abbaye Saint-Vincent de Lucq octroie à Menaud de Bartes, « peyrer », le droit de construire un moulin « batan et arresec » soit un foulon et une scierie, sur l’Auronce « au-dessus du pont de pierre ». En 1529, elle déclare se réserver les « pexs deus pesquers » (poissons du bassin).

Le gave continue alors de constituer un véritable centre de vie et de revenus.

Le village est constitué d’un village-rue qui s’est formé dans un méandre du gave d’Oloron, le long de la voie menant d’Oloron à Navarrenx. Il est complété par un habitat dispersé occupant l’espace entre Lucq-de Béarn et Poey d’Oloron.

Portrait de Tréville par Le NainPersonnalité

Peyroton de Peyrer

Né à Saucède au XVIe siècle, Peyroton de Peyrer devient ‘‘maesté d’obres’’, maître d’oeuvre (architecte). Il participe à la construction de l’hôtel de ville de Pau. Ce Saucédois est le grand-père de Jean-Arnaud de Peyrer (Oloron, 1598 – Troisvilles, 1672), comte de Tréville, chef des mousquetaires du roi Louis XIII, rendu célèbre par l’œuvre d’Alexandre Dumas.

Patrimoines

L’église Saint-Pierre

L’église Saint-Pierre est mentionnée au XIe / XIIe siècle dans le cartulaire de l’abbaye Saint-Vincent de Lucq-de-Béarn « ecclesiam quae dicitur Santi Petri de Salceta ».

L’église actuelle est reconstruite par Galhart deu Peyrer au XVIe siècle, après que l’abbaye laïque qui appartenait à Bernadine « daune proprietari deudit ostau d’Abadie » soit détruite en partie.

Une extension est réalisée entre 1690 et 1704 pour abriter la chapelle de la Vierge alors que le clocher, à cinq niveaux, est recouvert d’un toit en dôme à l’impériale surmonté d’un clocheton à la même période.

Le mobilier comprend un portrait daté de 1646, un tombeau et une chaire du XVIIIe siècle, une balustrade en épingle à cheveux et un décor de pilastres du XIXe siècle.

Le retable en bois doré de la chapelle de la Vierge a été réalisé après que l’évêque Joseph de Révol a interdit la nudité dans la décoration du mobilier des églises de son diocèse, en 1712.

Zoom sur...

Le Bac

Saucède était un lieu de franchissement du gave d’Oloron par une « nau » (bac). Citée en 1481, la « nau et passadge de Saucede » appartenait à l’abbaye de Lucq qui s’en réservait la gratuité. Le bac devait rester de jour et de nuit sur le gave et ne pas transporter de pierres pour ne pas l’abîmer. En 1546, il est refait par maître Gaillart, crestia de Saucède et son fils, avec des chênes, pris comme de coutume, aux bois de Moret, de Poey et Verdets, aussi propriétés de l’abbaye de Lucq.

Le péage, d’abord perçu par l’abbé de Lucq, devint la propriété des Mesplès au XVIIe siècle.

La traversée n’était pas sans danger car il arrivait que le courant déporte le bateau contre le barrage du moulin. La « nau » permettait aux personnes, animaux et charrois de franchir le gave vers le village d’Aren et la Soule.

Elle était située à une trentaine de mètres en amont mais l’accès en était difficile et le courant de la rivière y était violent. En Juin 1889, la commune de Saucède demande que le bac soit ramené à son ancien emplacement mais la chose s’annonce fort onéreuse. Il est supprimé par décision ministérielle en août 1891.

En 1894, il est concédé sous certaines conditions comme « bateau particulier » au Sieur Placé Capdepon qui est autorisé à le déplacer un peu plus bas, à l’extrémité d’un chemin de sa propriété. La famille l’utilise jusque dans les années 1940, notamment pour transporter ses cochons.

Le saviez-vous ?

Saucède est l’un des villages les moins peuplés du Piémont Oloronais mais n’en demeure pas moins l’un des plus attractifs. Des célébrités l’ont choisi pour s’y ressourcer, un célèbre parfumeur et un chanteur international…