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Les villages des Pyrénées béarnaises
Gurmençon

Gurmençon est un village de 540 habitants, appelés les Gurmençonais, situé à cinq kilomètres au sud d’Oloron Sainte-Marie, entre Agnos et Asasp-Arros.

Le village est traversé par le gave d’Aspe et la nationale 134 qui passe par la vallée d'Aspe et le col du Somport pour aller jusqu’en Espagne.

  

Toponymie

Son nom proviendrait de la racine pré-indo-européenne ‘‘gur’’, indiquant un lieu humide.

Une autre interprétation fait le rapprochement avec le mot latin ‘‘Agrimensor’’ désignant un arpenteur.

Un peu d'histoire

En 1307, la commune bénéficie d’un acte d’affièvement, sorte de bail accordé par un seigneur – en l’occurrence Auger d’Agnos - sur les terres qu’il a en sa possession à un ensemble d’habitants, dans les landes, bois et territoires d’Agnos et d’Asasp. Ce document atteste de la présence organisée d’un certain nombre d’habitants.

Lors du censier de 1385 commandité par le vicomte Gaston Fébus afin de mieux connaître la population du Béarn, le village compte 14 feux (maisonnées) et dépend du baillage* -de la circonscription- d’Oloron. Les chefs de familles sont Arnaudet de Carrere, Guilhemet de Davant-Forges, Marie de Lacues ...

*bailliage : au Moyen-Age, il s’agit d’une circonscription administrative, financière et judiciaire.

Le village s’implante autour de l’ancienne église, en bordure de terrasse, en aplomb du gave, puis se développe le long de la voie ancienne menant à Oloron.

Une seigneurie est attestée dès le XIVe siècle mais elle ne comporte pas de maison noble dans le village car les seigneurs se sont installés dans l’une de leurs autres seigneuries. Elle est la propriété des Gayrosse jusqu’au XVIe siècle puis des Labadie au XVIIe siècle. Ce n’est qu’à partir du XVIIIe siècle qu’une demeure noble est construite par le noble Joseph de Paillette, qui au démembrement de 1770, déclare aussi posséder un moulin à papier.

Dès lors, le village se distingue par sa fabrique de produits papetiers d’excellente qualité.

De même, durant le XVIIIe siècle, l’activité artisanale du village subit l’influence de la production oloronaise. Le bourg apparaît alors comme un des centres majeurs de draperie.

En mai 1789, le village est l’un des premiers du Béarn à rédiger ses cahiers de doléances par le sieur Pierre Vergès, premier jurat, qui les remet à la sénéchaussée d’Oloron le 16 mai. Ces cahiers listent les problèmes et besoins locaux (corvées, droits seigneuriaux, jurat, rétablissement du pont d’Escot…).

Précurseurs, les villages de Gurmençon et d’Agnos fusionnent le 1er février 1973 pour former la commune du ‘‘Val du Gave d’Aspe’’ durant près d’une décennie. La commune de Gurmençon est rétablie le 1er janvier 1983.

Patrimoines

L’église paroissiale Saint-Jean-Baptiste

L’ancien bourg médiéval se trouve près du gave. L'ancienne église surplombait la terrasse du gave, à l'emplacement de l'actuel cimetière.

Trop petite et dans un état de dégradation avancée, l'ancienne église a fait l'objet de plusieurs projets de restauration ou de reconstruction. Le conseil municipal finit par voter, en 1850, la construction d’un nouvel édifice également consacré à saint Jean-Baptiste.

Le village s'étant réorganisé autour de la voie créée au XVIIIe siècle, l'église est édifiée, entre 1858 et 1863, dans le nouveau centre.

Une partie du mobilier de l’ancienne église est réutilisé pour décorer l’édifice.

Le moulin

Construit au XVIe siècle, le moulin se situe en contrebas du château, sur la terrasse inférieure. Il a connu de nombreux propriétaires et diverses fonctions.

Alimenté par un canal de dérivation amenant l’eau du gave, il est en premier lieu destiné à la mouture, c’est-à-dire à la transformation du blé en farine.

Par la suite, des foulons à draps sont ajoutés pour diversifier l'usage de la force hydraulique. Il s’agit de cuves remplies d’eau et de terre glaise dans lesquelles sont placés des draps de laine qui sont frappés successivement par trois paires de pilons mues par la force hydraulique : cela permet de les adoucir et de les feutrer.

Une papeterie est ensuite mise en place, puis elle fait place, en 1850, à une centrale hydroélectrique. En 1927, la Société des Forces Motrices de Gurmençon est fondée. Maurice Rozan Mazilly, actionnaire majoritaire, se sert de cette centrale pour alimenter sa chocolaterie créée à Oloron Sainte-Marie. Cette dernière est rachetée par Lindt et Sprüngli dans les années 1960.

En 1962, la famille Etchegoyen de Mauléon reprend le domaine et en 1976 une nouvelle centrale hydroélectrique voit le jour ; elle continue de produire actuellement.

Zoom sur...

Le château seigneurial

Un acte d’avril 1639 autorise le Sieur de Lassalle, seigneur des lieux, à prendre le bois qui lui est nécessaire pour construire un château et un moulin.

La maison noble est installée sur la terrasse surplombant le gave d’Aspe, où se trouve l’ancien moulin seigneurial mentionné dès le XVIe siècle.

Cet édifice est le fief des Lassalle au XVIIe siècle, des Lamouroux fin XVIIe /début XVIIIe siècle puis des Paillette au XVIIIe siècle. La plupart de ces seigneurs possédent aussi des terres à Agnos, Bidos, Eysus ou Izeste.

L’aspect actuel du château seigneurial date pour l’essentiel du XVIIe siècle. En forme de L, il s’organise autour d’une cour centrale et comprend de grandes baies alignées, disposées de part et d’autre de la porte du logis principal.

Le saviez-vous ?

Si le village ne comptait pas de château seigneurial au Moyen Âge, il avait une maison forte, située à l’écart du bourg ancien. Cette maison, toujours habitée, comprend une plaque de pierre sur laquelle est inscrit, en latin puis en béarnais : « Sallenave, la grâce de Dieu aidant m’a construite l’an 1440, les matériaux ont été donnés à ceux qui sont attachés aux clercs … par messire Nanarn ».