Précédent
Suivant

Les villages des Pyrénées béarnaises
Estos

Estos est un village de 521 habitants appelés les Estosiens, attenant à Oloron Sainte-Marie.

Toponymie

L’origine du nom du village reste obscure. Au XIVe siècle, la forme définitive Estos apparait déjà.

Un peu d'histoire

L’abbaye de Lucq-de-Béarn semble avoir impulsé la création d’une communauté villageoise dès le XIe/XIIe siècle. Puis c’est l’abbé laïque de Lédeuix qui devient seigneur du village.

Lors du dénombrement de 1385 commandité par le vicomte Gaston Fébus afin de mieux connaître la population du Béarn, Estos compte 4 feux (maisonnées) dont les chefs de famille sont : Abadie, Bertran de Casemayor, Berdot de Casaus et Arnaut d’Aner.

Il faut attendre le XVIIe siècle pour que l’organisation seigneuriale du village se structure.

En 1609, la demeure appelée « Labat » est anoblie en remerciement de services rendus au roi Henri IV par le capitaine Jacques Dufaur d’Oloron. Cet anoblissement permet à ses descendants d’entrer aux Etats de Béarn*.

En 1614, Marcel de Capdepon d’Estos est anobli par Marie de Médicis et obtient, pour son frère cadet Jean-Jacques, la nomination de garde royal de Felipe IV, pour services rendus au roi Henri IV. Marcel de Capdepon, s’installe alors « dans le domaine d’Estos, près d’Oloron, où était l’ancienne demeure de famille ».

*Les Etats de Béarn regroupent, de la fin du XIVe siècle à 1789, les membres du clergé, de la noblesse et des jurats des 42 communautés. Réunis en assemblée délibérante au Parlement de Navarre, ils ont pour rôle de veiller notamment à la législation et de définir les prélèvements d’impôts.

Le village présente la particularité de ne pas avoir édifié de locaux dédiés à la fonction municipale, malgré la présence de jurats et de maires comme dans les autres villages. Ainsi, pendant longtemps, la mairie d’Estos a occupé le premier étage du clocher de l’église et l’école était située dans une maison du village malgré les demandes renouvelées des préfets depuis la IIIe République.

Le port

Après la décision de Louis XIV de créer une grande marine de guerre, les difficultés pour s'approvisionner en bois poussent son ministre Colbert à explorer les forêts de l'Ouest pyrénéen, notamment pour fournir les mats des futurs vaisseaux. L'exploitation des massifs ossalois et aspois connait son apogée sous le règne de Louis XV (deuxième moitié du XVIIIe siècle).

Des radeaux, constitués de billes de bois, sont transportés par les gaves ou par la route. En vallée d’Aspe, les radeaux sont assemblés au port d’Athas. Par contre, le gave d'Ossau n'étant pas radelable, les billes de bois des forêts de Gabas sont acheminées par une vieille route creusée dans le Hourat au sud de Laruns.

Les billes de bois sont toutes assemblées au port d’Estos, premier point de mouillage sur le gave d’Oloron devenu moins tumultueux, pour être acheminées par voie fluviale jusqu’à la mer via le port de Bayonne. Des vestiges du port d’Estos - un mur maçonné à moitié enfoui – ont été découverts dans le prolongement du chemin de la mâture, en contrebas du gave d’Oloron.

Patrimoines

L’église Saint-Barthélémy

L’église Saint-Barthélémy, construite au XIe/ XIIe siècle, dépendait de l’abbaye de Saint-Vincent de Lucq-de-Béarn. A la suite d’un incendie, l’édifice est reconstruit au XIIe siècle, grâce au seigneur de Lédeuix qui en devient l’abbé laïque. L’abbaye de Lucq ne revendique alors plus aucun droit sur la paroisse.

L’église se compose d’une nef et d’un chevet roman simple. Elle abrite un retable et un tabernacle en bois doré et polychrome du XVIIIe siècle. L’une des statues du retable représente saint Barthélémy portant sur son bras sa propre peau, symbole de son martyre.

Labat

L’abbaye laïque (maison souvent située près d’une église, dont le maître est un laïc qualifié d’abbé) est cédée par Jacques Dufaur à la famille de Jacques d’Andoins, docteur en médecine dont les membres se sont alliés avec les plus grandes lignées béarnaises. La maison noble est acquise par Pierre de Maucor en 1736 puis devient la propriété de la famille Lamothe d’Incamps, propriétaire du château de Moumour.

Entourées de plusieurs bâtiments, le logis seigneurial comprend, à l’origine, trois niveaux et trois travées. Il semble que deux travées supplémentaires ont été ajoutées au XVIIIe siècle. L’accès aux étages se fait par un escalier situé dans une tour carrée désormais disparue.

  

Le château Peyré

À la limite de la commune d’Oloron Sainte-Marie, une demeure de caractère, le château Peyré surplombe le gave d’Oloron.

Il est probable que cette riche demeure soit liée à l’exploitation de la sablière appartenant au sieur de Mauco. Dans une requête de 1773, M. de Mauco fait état du dérangement pouvant être occasionné par l’exploitation de cette sablière « le seul qui pourrait en souffrir serait le seigneur de Légugnon qui autrefois faisait aborder son bateau dans cet endroit ».

La propriété comporte plusieurs bâtiments agricoles et des communs qui figurent sur le cadastre napoléonien de 1809. A cette époque, l’ensemble appartenait aux Dufraisse, famille d’entrepreneurs dont les activités nécessitaient l’utilisation de l’eau, comme en attestent le moulin et les restes de bâtiments situés en contrebas.

Le logis est constitué d’un bloc rectangulaire, de trois échauguettes et d’une tourelle octogonale. La galerie surplombant le gave est ajoutée au XIXe siècle, peut-être par la famille d’industriels Dupeyrou.

Personnalité

Le chanteur-compositeur béarnais Pierre Jéliote est né à Lasseube en 1713 et il est mort à Estos en 1797.

Chanteur favori de la Pompadour et de Louis XV, il décide de revenir en Béarn après sa carrière. Il s’installe d’abord à Oloron, en 1779, dans sa maison du Marcadet puis, à la fin de sa vie, chez sa nièce Thérèse de Fondeire, mariée à Jean-Pierre de Mauco, au château Labat où il meurt à l’âge de 84 ans. Il est enterré dans l’église d’Estos.

Zoom sur...

Les fêtes patronales au Sarthoulet

Les fêtes du village se déroulaient au Sarthoulet, joli petit enclos, à l’entrée du village, lors de la Saint-Barthélémy, le dimanche après le 24 août.

Célébrées dans la chanson « Compairs, siams gais, … » du célèbre poète, écrivain et chansonnier oloronais Xavier NAVARROT (Oloron, 1799 – Lucq-de-Béarn, 1862), « compères, soyons gais, aujourd’hui c’est la fête – de St Bathélémy ….. allons prendre haleine – sur le tertre – du berger du Sarthoulet …. Par le quiller – de maint joueur … » (Chansons et airs populaires du Béarn / Frédéric RIVARÈS, 1844).

Les gens venaient à pied ou à vélo des villages environnants. Les jeunes hommes ouvraient le bal en dansant le Moutchicou. Il s’agit d’une danse traditionnelle qui se fait en rond. Les hommes se tiennent bien droit, les bras le long du corps, le regard au loin, l’air sérieux.

Le saviez-vous ?

Le village comprend un quillier permettant de pratiquer le jeu de quilles de 9.

Celui-ci consiste à réaliser 12 figures en projetant une boule de bois de 6 kg sur des quilles hautes d’environ 96 cm. Placées à égale distance sur le « plantier » (sol en terre battue), les quilles forment un carré de 4,30 m de côté. Ce jeu semble exister au XVIe siècle mais c’est à la fin du XIXe siècle qu’un championnat est organisé.

Le village peut ainsi s’enorgueillir, au début du XXIe siècle, d’avoir parmi ses habitants un champion du monde de la discipline.