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Les villages des Pyrénées béarnaises
Agnos

Agnos est un village de 929 habitants, appelés les Agnosiens, situé à trois kilomètres au sud d’Oloron Sainte-Marie.

Il est traversé par la Mielle, un affluent du gave d’Oloron.

Le village s'est construit de part et d'autre d'un axe de communication principal, formant un village-rue, à l'écart du château seigneurial.

Toponymie

Son nom proviendrait du nom latin annius, certainement nom du propriétaire terrien du site à l'époque gallo-romaine, prolongé du suffixe aquitain ossum, le tout signifiant ‘‘domaine d’Annius’’.

Un peu d'histoire

Une grotte située sur le lieu-dit ‘‘Cors dès Curès’’, sur la crête du Soum de las Paloumères (sommet des palombières) est l’indice d’occupation le plus ancien du lieu. Des os travaillés et des ossements de chèvres et de moutons ont été signalés en 1952.

Le cor représente une petite portion de territoire à l’écart où est relégué le berger le plus pauvre. Selon la légende, cet endroit sert aussi de lieu de refuge aux religieux d’où le mot Curés qui complète le nom du site.

Situé à 2 km au sud-ouest du clocher, sur la crête du Soum de las Paloumères, le «camp de César», surplombe Agnos. Il s’agit, en fait, d’un camp protohistorique daté de l'Age du Fer (environ 2500 ans avant notre ère) qui a été cartographié en 1992. Aucune trace d'occupation gallo-romaine n'a été retrouvée pour l'instant sur ce site.

Ce lieu aurait servi de refuge pour les hommes et les animaux en cas de menaces extérieures. On distingue à l’Ouest un rebord de 6 mètres de haut, dominant un replat qui porte un sentier. L’ensemble constitue une enceinte de terre qui protège une plateforme centrale approximativement circulaire de 150 mètres de diamètre qui domine un fossé de 6 à 8 mètres.

Lors du censier de 1385 commandité par le vicomte Gaston Fébus afin de mieux connaître la population du Béarn, Agnos compte 17 feux (maisonnées).

La présence des seigneurs d’Agnos est attestée depuis 1243. Le lieu d’implantation du château primitif est probablement la colline située au-dessus du château actuel comme l'atteste, dans son dénombrement*, Jacob de Florence, seigneur d’Agnos, qui, en 1674, dit posséder la maison noble seigneuriale, ainsi que ‘‘la motte où estoie bastie autrefois la maison seigneuriale’’.

* Le dénombrement fait par un vassal à son seigneur doit contenir l'énumération de toutes les terres et droits qu'il tient de son seigneur.

Patrimoines

L’église de l’Assomption

En 1708, les habitants représentés par Jean de Peyre et Jean de Lembeye, syndic et député de la commune, adressent une requête à l’évêque d’Oloron, Monseigneur de Révol, pour obtenir l’autorisation de bâtir une église à leurs frais, de l’orner et de l’entretenir. Ils justifient leur démarche par l’éloignement qui existe entre le centre bourg d’Agnos et la Cathédrale Sainte-Marie.

L’évêque accepte la construction d’une chapelle à condition qu’ils établissent une rente de 40 livres minimum pour la rétribution du prêtre qui dessert cette chapelle.

Construite au XVIIIe siècle, elle est rasée en 1959, alors qu’elle est en ruines. Un nouvel édifice est bâti en 1962.

L’église de l’Assomption conservait un riche mobilier en bois sculpté du XVIIIe siècle classé au titre des Monuments Historiques, détruit en 1968 lors d’un incendie.

Le Château d’Agnos

Le château se situe sur la rive gauche de la Mielle.

La motte qui supporte le château primitif présente, de nos jours, une plate-forme de 7 à 8 mètres de diamètre, entourée de deux fossés.

La demeure seigneuriale, érigée au XVIIe siècle, consiste en un pavillon de chasse, de style Renaissance. Elle comprenait une fresque représentant des scènes galantes et une bibliothèque riche de cartes géographiques encadrées.

Plusieurs familles se succèdent à la tête de la seigneurie jusqu’à la Révolution française : les Augers, les Florence, les Guimbeau suite à un achat puis, par alliance, les Courrèges.

Zoom sur...

Maison Loustau

Construite en 1651 et agrandie en 1800, la maison dite de Loustau se situe en face de l’école communale. Elle est remarquable par son ancienneté et sa qualité architecturale. Le corps de logis ancien, comprenant une tourelle carrée, est accolé à un bâtiment plus classique qui a permis d’agrandir la demeure.

Cette maison est construite dans le goût des grandes maisons bourgeoises caractéristiques du XVIIIe siècle et se distingue des autres habitats, datant plutôt du XIXe siècle, formant l'essentiel du village.

Le saviez-vous ?

Une légende dit que François Ier, frère de Marguerite d'Angoulême qui épousa Henri II d'Albret, roi de Navarre, serait venu au château d'Agnos. En conflit avec l'empereur Charles de Habsbourg dit Quint et désireux d'aider son beau-frère et sa sœur à récupérer la partie sud du royaume de Navarre annexée en 1512 par Ferdinand d'Aragon (grand-père maternel de Charles de Habsbourg), François 1er séjourne régulièrement en Béarn. La légende de son passage et du fait qu'il ait eu à emprunter un souterrain secret pour quitter le château en toute discrétion contribue à entretenir la mémoire de son implication aux côtés de sa sœur.