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Les villages des Pyrénées béarnaises
Buziet

Buziet est un village de 500 habitants, appelés les Buziétois, situé au pied de la chaîne des Pyrénées, au creux de l’ancien glacier de la vallée d’Ossau, à treize kilomètres à l’Est d’Oloron-Sainte-Marie.

Il est traversé par l’Escou et le gave d’Ossau.

Toponymie

Son nom pourrait être le diminutif du nom du village voisin, Buzy, accolé du suffixe ‘‘et’’, qui signifie petit Buzy. Autre hypothèse, Buziet proviendrait du latin bucetum, lieu de pacage pour les bœufs alors que Buzy fait davantage référence à un lieu humide.

Un peu d'histoire

Lors du dénombrement de 1385 commandité par le vicomte Gaston Fébus afin de mieux connaître la population du Béarn, Buziet compte 24 feux (maisonnées). Au Moyen-âge, le village fait partie de la seigneurie de Rébénacq et Bescat qui est érigée en baronnie en 1652. La seigneurie de Buziet donne alors droit d’entrée aux États de Béarn*. Elle est la propriété, entre le XVIe et le XVIIIe siècle, des Arros, des Lostal, des Bayard, des Labarthe, des Pas de Feuquères, des Le Tellier de Souvré et des Saint-Chamans.

*Les Etats de Béarn regroupent de la fin du XIVe siècle à 1789, les membres du clergé, de la noblesse et des jurats des 42 communautés. Réunis en assemblée délibérante, ils ont pour rôle de veiller notamment à la législation et de définir les prélèvements d’impôts.

Aux XIVe et XVe siècles, le village est renommé pour sa fabrique de crécelles. Ces moulinets de bois sont utilisés par les lépreux, les malades, les cagots* … qui doivent les agiter sur leur passage afin de se signaler.

* Les cagots constituent une caste rejetée par la population locale mais vivant toujours en marge des villages et sont souvent associés à des personnes malades, souffrant de lèpre blanche ou autre maladie contagieuse. Ils sont autorisés à exercer des métiers à travers lesquels ils ne peuvent transmettre leur « maladie » (travail du bois, de la pierre, de la chaux, nettoyage des berges…). Le nom de cagot est remplacé au XVIIe siècle par Crestiaa, chrétien.

Les Buziétois sont surnommés lous carrascayres (fabricants, joueurs de crécelles).

L’histoire de Buziet est étroitement liée à celle de Lasseubetat, village avec lequel se multiplient procès et conflits au sujet de la délimitation de terrains. En effet, Buziet appartient alors à la Comtesse de Rébénacq qui décide de donner environ soixante hectares à la commune de Lasseubetat au XVIe siècle. N’étant pas d’accord avec cette décision, les habitants décident d’engager un procès qui dure plusieurs dizaines d’années.

Bénéficiant de la réforme agraire instaurée par la Première République qui abolit les droits de propriété, des exploitants agricoles se voient attribuer des lopins de terre. A Buziet, les terres sont cadastrées en 1807 pour la première fois par Jean Sallenave, secrétaire général, géomètre et habitant du même village.

Patrimoines

L’église Saint-Justin de Bigorre

Les vestiges d’un ancien lieu de culte se situent sur le site dit « gleise Bielhe » (ancienne église) à l’écart du village. Peut-être s’agit-il de la chapelle du « burguet d’Arros », implantée dans un site fortifié sur lequel devait se trouver le château seigneurial. Les textes mentionnent ce site comme dédié à saint Justin de Bigorre.

La première pierre de l’actuelle église – également dédiée à saint Justin de Bigorre- est bénie le 21 juin 1734 sous l’épiscopat de Joseph de Révol, évêque d’Oloron (1705-1735). L’église comporte une nef, un collatéral, un clocher et un chevet plat.

Elle abrite un riche mobilier (retables, tabernacles, autels…) en bois doré et polychrome du XVIIIe siècle. L’autel latéral, dédié à saint Roch, comprend un tableau signé « PEINT PAR/RIBERE D’OLORON – 1758 », de son vrai nom Geronimo Ribera y Zapata (Jerez de la Frontera env 1710-Oloron, 1788). Il s’agit de l’artiste à qui l’on doit également le décor peint de l’église d’Arros.

Le moulin Vignau

Ce moulin banal* destiné à moudre les différentes céréales est édifié en 1780 par le seigneur de la communauté.

* Le moulin banal fait partie des installations entretenues et mises à disposition des habitants par le seigneur contre taxes et impôts.

Le village en devient propriétaire à la Révolution française, suite à la vente aux enchères des biens de l’émigré Saint‑Chamans. Son exploitation dure jusqu’en 1927, date à laquelle une inondation cause la cessation définitive de l’activité.

Plus tard, une demande est faite pour transformer ce moulin en micro-centrale électrique mais les Buziétois refusent.

Le saviez-vous ?

La maison « Coste-Bélair »

La création de la route Pau/Oloron par l'intendant Mégret d'Etigny au XVIIIe siècle a pour conséquence une complète réorganisation des cheminements. Ainsi, l'administration des Postes utilise les nouvelles voies pour acheminer ses dépêches en voiture. Afin de fournir des chevaux frais et assurer la liaison Pau/ Oloron dans les meilleurs délais, elle crée un relais à la maison « Coste-Bélair », actif entre 1837 et 1863. L'arrivée du chemin de fer marque la fin de cette activité.

Zoom sur...

Mémorial des Guérilleros de la 10° brigade

La 10e brigade des guérilleros est active dès 1941. Elle est composée de républicains antifascistes espagnols. Elle est alliée aux maquis de la vallée d’Ossau et du Bager avec lesquels elle réalise des opérations contre l’ennemi. En journée, ces guérilleros travaillent sur différents chantiers et ont pour habitude de se réunir à la maison Anglade à Buziet, qui leur sert également d’infirmerie.

Ayant découvert leur cachette, les Allemands mènent une attaque offensive le 17 juillet 1944, tuant 8 guérilleros Espagnols et deux villageoises à Buziet même ainsi que 4 autres guérilleros à Buzy. Un mémorial, dont la conception et la réalisation ont été confiées à Louis Léra, a été élevé en leur honneur en 1998.

Le saviez-vous ?

Entre les XVIIe et XXe siècles, le village est un centre important d’activités liées à l’élevage. Ainsi, le village procure bon nombre de hongreurs (castreurs de chevaux et de bœufs) qui se déplacent, émigrent ou se sédentarisent en Espagne, au Portugal et en Amérique latine. Cette profession leur permet de bien gagner leur vie. Les hongreurs ou crestadous font bénéficier leurs familles, restées au pays, de leur réussite économique et sociale en améliorant leurs demeures par exemple...